Pour dynamiser la lutte contre le gaspillage alimentaire, plusieurs territoires français ont créé des Réseaux pour Éviter le Gaspillage Alimentaire (RÉGAL). Soutenus par l’ADEME, leurs coordinateurs mettent en lien des acteurs du territoire, diffusent des bonnes pratiques et contribuent à la réalisation d’actions concrètes.
Coopérer pour réduire le gaspillage sur tout le territoire
En 2023, en France 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits, soit quelque 129 kg par personne et environ 40 % des produits jetés sont encore comestibles. C’est face à ce constat alarmant que les RÉGAL ont été créés. « Ils contribuent à atteindre des objectifs de réduction nationaux, explique Laurence Gouthière, chargée d’études sur le gaspillage alimentaire pour l’ADEME. Les coordinateurs de RÉGAL accompagnent les acteurs locaux dans la mise en place de projets tels que la réduction du gaspillage alimentaire en restauration collective, le développement de doggy bag dans les restaurants, ou encore la création de conserveries. » De plus, ils permettent de mieux connaître la situation du gaspillage alimentaire au niveau local en menant des études régionales. Ces réseaux forment une dynamique de coopération sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation des ménages et hors foyer, en passant par la transformation et la distribution.
59 grammes de nourriture gaspillés par assiette en Normandie
Chaque année, en octobre et mai, le RÉGAL Normandie mobilise plusieurs dizaines de restaurants collectifs du territoire pour un Défi Assiettes Vides. Le concept est simple : chaque jour pendant une semaine, la nourriture gaspillée en cuisine comme dans les assiettes est pesée. Cette démarche permet de prendre conscience des pertes générées, à la fois en cuisine auprès des agents et en salle auprès des convives. Ce défi réunit de nombreux restaurants scolaires (école, collège, lycée), mais également certains établissements de santé.
Chaque jour, les agents effectuent des pesées à la table de tri. Cela nous permet d’ajuster le menu en cas de surplus de déchets. Par exemple en modifiant une option ou en ajoutant un produit pour offrir davantage de choix.
Cela fait maintenant 4 ans que nous sommes dans une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire et que nous travaillons sur le « zéro déchet ». Lors du défi, les déchets sont triés par les enfants eux-mêmes, pesés tous les jours par la cuisinière et les chiffres sont communiqués aux enfants et aux familles.
À l’issue de chaque édition, le RÉGAL calcule la moyenne régionale du gaspillage alimentaire en restauration collective. En mai 2025, 220 établissements ont été mobilisés. Le gaspillage de nourriture représentait 59 g par personne et par repas. À titre de comparaison, la moyenne nationale est de 115 g, bien que certains restaurants collectifs parviennent à atteindre 30 g par convive. A titre de comparaison, en 2021, le Défi Assiettes Vides avait relevé une moyenne de 69 g de nourriture gaspillée par personne et par repas.
À partir de l’automne 2025, les informations de pesés vont transiter via le site Ma Cantine, qui aide les établissements de restauration collective (écoles, hôpitaux, entreprises, etc.) à suivre et à améliorer la qualité de leurs repas. Il permet également de déclarer les pratiques alimentaires, dont le gaspillage.
En plus des opérations de pesée, le RÉGAL Normandie organise des temps d’échange entre participants pour répondre à leurs questions et partager des retours d’expérience sur la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Créer des synergies entre les acteurs en PACA
Plat de résistance, Graine, SOLAAL Sud, Le Loubatas… Voici quelques-uns des acteurs et projets référencés par REGAL’im, le réseau de lutte contre le gaspillage alimentaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Au total, 300 structures sont listées par le réseau, qui se positionne en point de convergence pour les acteurs de la filière alimentaire (producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs, associations et collectivités). L’objectif est de créer des liens entre différents acteurs, de valoriser les initiatives existantes, de partager des savoir-faire et des retours d’expérience et d’accompagner de nouveaux participants dans leur engagement.
REGAL’im a ainsi créé deux outils, mis à jour régulièrement : une carte en ligne, pour localiser les acteurs dans la région et favoriser les partenariats locaux et un panorama régional. En 2024, ce dernier mettait en lumière 63 initiatives à travers le territoire, comme la naissance d’une conserverie mobile pour mettre en conserve des fruits et légumes en surplus ou la mise en place de solutions de valorisation de biodéchets par exemple.
Bientôt septs RÉGAL régionaux
Le premier RÉGAL est né en 2013 en Aquitaine, à l’initiative du CREPAQ (Centre Ressource d’Ecologique Pédagogique de Nouvelle-Aquitaine). Depuis, d’autres réseaux ont émergé : en Normandie, en PACA, dans le Grand Est, en Bretagne, ainsi qu’en Centre-Val de Loire prochainement. Dans les Hauts-de-France, trois RÉGAL portés par des collectivités coexistent encore, mais seront réunis en un réseau régional unique d’ici 2026. Plusieurs régions, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Île-de-France et Pays de la Loire, ne disposent pas encore de RÉGAL. « Si un acteur local constate une dynamique prometteuse sur son territoire, il peut en informer l’ADEME régionale, qui pourra alors étudier l’opportunité de déployer un RÉGAL », reprend Laurence Gouthière.